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ILES HABIBAS MISSION DU 6 AU 09 JUILLET 2004 |
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Date de dernière mise à jour le 22/06/2015 13:00:27 |
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Rapport de Mission Etude de terrain et détermination d'axes de gestion pour la réserve marine des îles Habibas (Algérie)
date : nov. 04 dates de la mission : 6 au 9 juillet 04 réalisée par : dir. F. Bernard M. Tillmann S. Renard A. Mante S. Ben Haj
Cadre général
Coopération Franco algérienne Dans le cadre de la coopération franco-algérienne, l'Ambassade de France finance un volet d'assistance institutionnelle et de renforcement du savoir faire algérien en matière de protection des espaces côtiers. De nombreuses actions ont été réalisées dans ce sens depuis le lancement de la coopération ,en 2000, entre le Ministère algérien chargé de l'environnement et le Conservatoire du littoral. Afin de travailler de manière conjointe au développement de méthodes de préservation durable du littoral, les accords de coopération 2004 prévoyaient la mise en place de mission de terrain, dans le double objectif de : - Sensibiliser les acteurs locaux et former les techniciens algériens, qui assisteront aux travaux de terrain, à la notion de gestion d'espaces naturels et la réalisation de plans de gestion. -Rédiger des documents d'orientation de gestion et de prescription d'aménagement pour chacun des sites choisis.
Ces missions de terrain ont servi aussi de base de réflexion pour la rédaction du projet de " Appui au développement du Commissariat National du Littoral Algérien /Développement institutionnel d'un outil de protection des espaces côtiers. Mise en place d'une gestion active de 2 sites démonstratifs littoraux" qui a reçu un avis favorable au financement sous forme de don de la part du FFEM (1,2M€ sur les 3M€ du projet) au cours de cette année.
Mission d'analyse de terrain. Cette mission, qui n’avait pas pour but de refaire les excellents inventaires réalisés lors du classement en réserve naturelle, a permis de définir quelques axes initiaux d’intervention. Sur la base des travaux antérieurs et notamment ceux ayant conduit au classement de l'île menés par l'ISMAL (Institut des sciences de la Mer et de l'Aménagement du Littoral) et de ceux de Mme Boukhalfa, du Prof. Boutiba de M. Boudouresque ou encore de M. Grimes, la mission s'est concentrée sur l'apport de quelques compléments à ces études et surtout à la rédaction de propositions d'axes de gestion de l'archipel. Une équipe internationale pluridisciplinaire est intervenue sur le terrain durant une semaine en croisant les données et informations qui émergeaient au grés des recherches. Des universitaires d'Oran, des représentants du Ministère Algérien chargé de l'environnement des niveaux central et local, des experts français du Conservatoire du littoral et des gestionnaire d'espaces insulaires du même type et un expert Tunisien spécialisé dans la gestion des espaces naturels ont bénéficié d'une logistique et d'un encadrement exceptionnel qui ont permis à l'équipe de travailler dans des conditions optimales.
Un projet de protection sur financements du FFEM
Les Iles Habibas, situées au Nord Ouest d'Oran à 5 miles de la côte sont constituées d'un îlot principal de 1300m de long (alt. 105m) entouré d'un archipel couvrant en tout une superficie de 40 ha. En 2002, 2700 ha ont été classés au titre de Réserve Marine.
Entièrement propriété du domaine de l'Etat, les îles Habibas font partie du territoire de la commune de Aïn el Karma.
Du fait de sa position géographique et de l’éloignement de la côte, de sa faible fréquentation (sauf en période estivale) et de l’absence d’aménagement ou de toute autre activité au niveau des îles, l'archipel a conservé l’essentiel de ses particularités faunistiques et floristiques. Outre son importance pour la biodiversité, le site présente aussi un intérêt majeur comme frayère et aire et de propagation de beaucoup d’espèces marines d'intérêt commercial. Sa protection et l’optimisation du milieu auront des répercussions positive sur l’activité halieutique. L'association des pêcheurs et leur sensibilisation à cet aspect stratégique constitueront des éléments importants de ce volet du projet. En effet, la création de la Réserve Naturel en 2002, a peu impliqué les pêcheurs dans sa définition et a perturbé l'activité de pêche sur la zone. Le projet non seulement veillera a communiquer auprès de la filière pour la sensibiliser à l'intérêt de "l'effet réserve", mais définira aussi les capacités de charge et une zonation plus fine pour organiser et définir les modes de pêche acceptables. Il devrait permettre également de développer dans le cadre de la pêche au petits métiers des filières de commercialisation d'espèces nobles à haute valeur commerciale.
La protection des Habibas répond aux besoins de la préservation de la biodiversité marine, terrestre et ornithologique méditerranéenne. Elle répond également au souci de maintenir intacts les processus écologiques originels d’un site exceptionnel en Méditerranée du Sud encore préservé mais potentiellement sous forte pression.
Le site répond aux critères adoptés en Méditerranée dans les études de classement d’aires marines protégées (ASPIM). Ces îles répondent totalement aux critères de sites d’intérêt mondial. Parmi ces critères on citera : la rareté, la fragilité, la représentativité des écosystèmes, des habitats et des espèces ainsi que le degré de préservation et l’étendue de la réserve (2700 ha).
La zone terrestre offre une grande diversité de milieux avec l’existence de zones de végétation buissonnantes. Elle abrite de nombreuses espèces endémiques et rares. La diversité des habitats est propice à une richesse ornithologique toute particulière. Cette particularité est amplifiée par sa position d'étape sur l'une des 2 principales voies de migrations passant par l’Afrique du Nord (Flyway Ouest).
Malgré l'isolement qui lui a valu sa préservation, cet espace insulaire est déjà soumis à des nuisances qui menacent de s'amplifier compte tenu de l'augmentation prévisible de la fréquentation. La qualité des paysages, la présence d'un abri naturel et d'un quai, ne manqueront pas d'attirer à terme une fréquentation plaisancière et touristique et cela d'autant plus que la zone côtière continentale naturelle qui lui fait face est dotée de plages exceptionnelles dont certaines sont déclarées Zone d'Expansion Touristique et qui devront faire l'objet de développement balnéaire. Il est à remarquer que les élus locaux, conscients du capital et du potentiel de développement touristique de la zone, restent très attentifs au besoin de préservation de la qualité des milieux et des paysages de cette région particulièrement sensible. L'objectif sera donc de pouvoir combiner développement touristique et protection dans le cadre d'une stratégie de gestion intégrée de la zone côtière.
Diagnostique et enjeux :
Biodiversité marine (Michel Tillmann - CELRL)
Cette mission, bien que de courte durée, s'est basée sur les travaux et études anciens réalisés par des équipes spécialisées de différentes origines de spécialité et a permis de définir quelques axes initiaux d’intervention, Dont l’équipement portuaire indispensable à la réalisation des missions de gestion par des gestionnaires présents sur l’île. Des mesures réglementaires minimales mais indispensable au regard des enjeux que représente cet espace encore préservé peuvent maintenant être définies. Il est par exemple apparu une très faible représentation des poissons de grande taille surtout dans les espèces cibles de la chasse sous-marine (corb, mérou, sar, daurade…) et le comportement des quelques individus rencontrés n’a laissé aucun doute sur leur condition de proie. La mission a aussi permis de confirmer l’importance des îles Habibas pour la conservation de la Patelle Géante (Patelle ferruginéa) en Méditerranée et dont la population apparaît en parfaite santé. IL n'y a par exemple que 8 individus de Pattelle f. référencés au Parc National de Port Cros, premier parc national marin créé en Méditerranée.
Par contre les mauvaises conditions météorologiques n’ont pas permis de détecter une zone suffisamment diversifiée en milieux pour recevoir un sentier pédagogique de découverte marine. La zone alternative de mouillage dans la baie de la Mort n’a pas pu, pour les mêmes raisons, être vérifiée. Manquent aussi des informations sur la pêche professionnelle et sur la plongée sous-marine, leur répartition dans l’espace et dans le temps.
Biodiversité Terrestre (Alain MANTE – CEEP)
Les trois journées de prospections passées sur le site ont permis de confirmer la richesse exceptionnelle du patrimoine naturel terrestre des îles Habibas déjà décrite dans l’étude de l’ISMAL.
La végétation présente les 5 groupements décrits qui sont généralement dans un bon état de conservation, à l’exception de quelques zones de reposoir de goélands où ils sont remplacés par des groupements nitrophiles, ou des plages de sol nu. Sur les secteurs occupés par des colonies de goélands, on trouve également un début de développement d’espèces nitrophiles. Quatre sentiers partent du port ou de la piste du phare, et on trouve peu de sentes d’érosion dues à la fréquentation humaine.
La flore, riche de nombreuses espèces rares et endémiques d’Afrique du nord et du littoral oranais présente également des populations importantes et dans un bon état de conservation. Comme c’est souvent le cas dans les écosystèmes insulaires de Méditerranée, les espèces rares sont présentent sur une grande partie des deux îles. Nous avons notamment retrouvé la présence dans une grotte un pied d’une fougère littorale rarissime pour le secteur (déjà décrite par BOUKHALFA), l’asplenium marinum.
Sur le plan faunistique les prospections de terrain nous ont permis de confirmer intérêt national et international des îles Habibas pour la conservation des populations d’oiseaux marins de Méditerranée.
Les oiseaux
La période de visite du site correspondant à la fin de la période d’incubation des puffins cendrés (présence des couveurs au nid), un recensement des terriers occupés par cette espèce a put être réalisé sur l’ensemble des îles. 341 couples nicheurs ont été dénombrés, répartis sur une quinzaines de colonies. Ce chiffre doit être considéré comme un minimum du fait de l’existence sur les colonies de terriers non visibles, inaccessibles ou non trouvés du fait du peu de temps disponible. La dernière estimation connue de cette population sur les îles était de 100 couples. Ce nouveau recensement laisse estimer la population de l’archipel à un effectif global probablement 5 fois supérieur.
Au cours de ces prospections, aucun terrier de puffin yelkouan (période de présence des poussins au nid) n’a été trouvé, ce qui confirmerait l’absence de cette espèce sur l’archipel.
Le Goéland leucophée niche également sur l’ensemble des îles. La population occupe tous les secteurs en densités variables. Lors de notre visite la plupart des jeunes étaient déjà envolés, mais les adultes occupaient encore les territoires. Sur l’île orientale, 720 individus territoriaux ont été dénombrés. Le dénombrement de la population totale de l’archipel reste à réaliser (mi avril), mais l’effectif nicheur pour cette espèce doit se situer entre 1500 et 2000 couples. L’évolution de cette espèce qui est en expansion partout en Méditerranée est à surveiller.
La reproduction du Cormoran huppé de Méditerranée a également été confirmée par la découverte de 7 nids vides mais occupés ce printemps sur l’îlot du milieu, et trois sur l’île orientale.
Pour les autres espèces nicheuses :
La découverte sur l’île orientale de deux nids avec trois poussins chacun d’Aigrette garzette confirme également la nidification étonnante de cette espèce qui est généralement plus liée aux zones humides qu’aux îles rocheuses et arides.
Aucun petit passereau nicheur n’a été observé pendant notre séjour. Le Pigeon biset est abondant et niche dans toutes les falaises et les grottes littorales. Un Balbuzard pécheur a également été observé, mais aucun indice de nidification sur l’île n’a été trouvé.
Les Mammifères
Une seule espèce semble aujourd’hui présente sur l’île, le Rat noir dont la population est très abondante. Plusieurs œufs de puffins prédatés par les rats ont été trouvés sur les colonies.
Les reptiles
3 espèces ont été observés, un lézard, un gecko, et un scinque (les détermination d’espèces seront réalisées à partir des photos), et d’après les observation du gardien de phare une quatrième espèce serait présente, un serpent.
Axes de Gestion (Sami Ben Haj – Expert indépendant)
Le plan de gestion actuellement en cours d’élaboration est destiné à devenir l'instrument de base du futur gestionnaire. Il lui permettra de contrôler, de gérer et de valoriser durablement les ressources de l’archipel. Il définira le plan d’action le plus pertinent, la réglementation d'utilisation de l'espace, et le réseau d'infrastructures nécessaires à sa valorisation et à sa conservation à long terme. Par ailleurs, il permettra une perception claire des valeurs des Habibas, ainsi que la définition des objectifs qui lui sont fixés. La mise en œuvre efficace du plan de gestion dépendra de l’implication des principales parties impliquées dans l’archipel et de leur synergie. L'essentiel, en l'état actuel des choses, est de démarrer le plus rapidement possible un certain nombre d'actions prioritaires, afin d'affirmer l'existence du Parc et de créer une dynamique locale de gestion patrimoniale du site. Ø Les Habibas constituent rappelons-le une réserve marine, il est urgent notamment d’en appliquer la réglementation, notamment celle relative à la pêche. Une campagne d’information et de sensibilisation devra être effectuée à l’échelle locale, régionale et internationale ; la réserve des Habibas devra être officiellement signalée dans les ouvrages et les revues destinées aux navigateurs. Ø Il est nécessaire de rassembler les principales parties impliquées dans le processus à mettre en œuvre, de les sensibiliser aux enjeux de conservation et de développement durable. Une charte de « gestion responsable » de cet espace devra être signée par l’ensemble de ces parties qui s’organiseront en comité consultatif. Ø Le nettoyage et l’évacuation des déblais et des gravats s’imposent afin de réhabiliter l’image de l’île. Ø Une campagne de dératisation globale devra être mise en place dans les plus brefs délais. Les fortes populations de rat noir constituent un danger imminent à l’encontre des nichées d’espèces menacées d’oiseaux. Ø Le plan de gestion préliminaire devra être achevé rapidement afin de planifier dans les plus brefs délais sa mise en œuvre et de mobiliser les fonds nécessaires. La réussite de ce projet est un défi considérable. Il constituera à terme une « locomotive » et un premier jalon pour la gestion durable des sites insulaires du sud de la Méditerranée, « véritables oasis » de la biodiversité.
Constitution de l'Equipe "Conservatoire du littoral"
Programme de la mission
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